Emblèmes du BASSIN D’ARCACHON

par JP et MC Tavin

Symbole de la pureté de ses eaux, l’huître y est consommée depuis toujours : Le bassin d’Arcachon, véritable mer intérieure, est un univers protégé, en partie fermé par un cordon dunaire. Alimenté par la Leyre et le jeu des marées, c’est un domaine ostréicole de premier plan reconnu pour la qualité de ses eaux.

Cueillette et ramassage. Déjà les hommes préhistoriques en consommaient comme le prouvent les restes de coquilles mis à jour sur certains sites de fouilles. Les Romains les acheminaient depuis la Gaule et les consommaient lors des banquets. Mais son véritable commerce débute au 17ème siècle. Un commerce rentable qui a provoqué une sur-pêche épuisant la ressource naturelle. En 1750 la pêche et le commerce de l’huître sont suspendus pendant trois ans. Cueillette et commerce reprennent de plus belle et vont voir alterner des périodes de pénurie et d’autre d’abondance.

La « culture » de l’huître débute au 19ème siècle avec les parcs ostréicoles propices à la prolifération des huîtres. En 1859 sont mis en place les parcs impériaux qui marquent le début d’un développement rapide de l’ostréiculture dans le bassin d’Arcachon .La culture de l’huître plate les premiers succès : « l’âge d’or » de l’ostréiculture. De 1870 à 1875, le nombre de parcs exploités est multiplié par cinq : de 500, on passe à plus de 2500, un chiffre qui continue encore d’augmenter jusqu’en 1890. Les huîtres commercialisées sont celles dites d’élevage et de demi-élevage. Elles sont expédiées vers tous les autres centres ostréicoles français et européens. 

En 1920, l’huître plate est décimée dans toute la France par une épizootie. Les ostréiculteurs doivent trouver une autre manière de produire. Ils commencent alors à cultiver « l’huître portugaise ».

De 1930 à 1970, l’augmentation de la production est quasi régulière. De 1960 à 1970 la densité trop forte des élevages et la mauvaise qualité des eaux du Bassin provoquent une baisse de la production. Les ostréiculteurs appellent alors à une meilleure gestion des rejets des eaux usées urbaines et industrielles au niveau du Bassin. Cette demande conduit à la création, en 1964, d’un organisme chargé de la mise en place de réseaux d’assainissement : le Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA). En 1971 l’huître portugaise est décimée à son tour par une épizootie. Elle est alors remplacée au cours d’une opération d’importation expérimentale par l’huître creuse japonaise : Crassostrea gigas.

Le redressement est rapide, l’ampleur de l’action d’importation des huîtres et des naissains du Japon et du Canada porte rapidement ses fruits. Cette période marque aussi un changement dans les pratiques de commercialisation des huîtres, de l’expédition on passe peu à peu à la vente directe.

En 1974, l’ostréiculture subit une nouvelle crise, celle dite du tributylétain (TBT). Ce composé toxique, présent dans de nouvelles peintures de bateaux anti-salissures, perturbe la reproduction des huîtres et altère la calcification de leur coquille. De 1977 à 1982, la récolte du naissain est quasi nulle. La production s’effondre et les faillites sont nombreuses. En 1982, la France réglemente l’utilisation du TBT dans les peintures nautiques. Le captage redevient abondant et les anomalies s’estompent. 

En 1995 l’IFREMER invente l’huître triploïde : fournies par des écloseries, elles sont stériles et ne consacrent pas d’énergie à leur reproduction. Dans les années 90, les techniques d’élevage en eau profonde arrivent sur le Bassin. Les cages contenant les poches sont immergées en continu, ce qui permet d’accélérer la « pousse » des huîtres. 

Depuis 2008, on assiste à une crise nationale de mortalité estivale des jeunes huîtres due à l’herpès virus OsHV1. On observe cependant depuis 2013 une baisse significative du phénomène, mais qui reste une source de préoccupation avec une reprise des mortalités en 2016. L’année 2020 est marquée par plusieurs vagues de mortalités significatives, sans que la cause soit clairement établie. Les professionnels constatent une corrélation entre les fortes pluies et la survenance de ces mortalités. Les années récentes voient se multiplier les périodes d’interdiction de consommation. La filière ostréicole, inquiète, est en discussion ( animée ) avec les gestionnaires de l’eau et des effluents des communes du Bassin. Pression immobilière, fréquentation en hausse sont générateurs d’un déséquilibre du milieu naturel.

Le Bassin d’Arcachon est devenu depuis le siècle dernier un des plus importants centres ostréicoles français. Construites en bois, les cabanes constituent de véritables villages. On les retrouve sur l’île aux Oiseaux, comme sur la Presqu’île de Lège-Cap Ferret ou dans les ports ostréicoles de Gujan-Mestras et de La Teste-de-Buch. Il existe en tout 1500 cabanes disséminées sur le pourtour du Bassin et édifiées en bordure de plage.

Vous pourrez lors de votre visite y faire halte pour déguster les fameuses huîtres qui sont la fierté du Bassin d’Arcachon.